Projets de recherche financés (fonds tiers)

Projet Unibe INNO de la PD Dr. Sandra Schwab (en collaboration avec Jean-Philippe Goldman, UniGE) (février-juillet 2025)

The project is about teaching/learning prosody in a foreign language. Prosody refers to the patterns of accentuation (e.g., word stress) and intonation (e.g., questions, emotions) in a language. We offer a learning solution, called MiaParle, that addresses the challenge that learners face in correctly stressing syllables within words (e.g., GuiTArre, VitaMIN). Many learners struggle to place stress on the right syllable, which may result in misunderstandings or reduced comprehensibility in conversations (e.g., they may pronounce umFAHren instead of UMfahren). By focusing on helping users to master word stress in a foreign language, MiaParle directly tackles this issue, thereby improving the learners' ability to communicate clearly and accurately.

Projet FNS de la Prof. Dr. Sandrine Zufferey

Les connecteurs sont des mots comme parce que, mais et bien que, qui servent à indiquer explicitement les liens de cohérence entre les phrases dans un texte, comme la cause, la condition ou encore la succession temporelle. Les connecteurs jouent un rôle important pour comprendre les textes, même pour les jeunes lecteurs et les lecteurs qui ont un faible niveau de compréhension. Maîtriser les connecteurs est donc essentiel, à la fois pour communiquer efficacement ses idées et pour comprendre des textes rencontrés au quotidien. En effet, des recherches montrent que les connecteurs sont très souvent utilisés dans tous les genres de textes, à la fois techniques comme des textes légaux ou administratifs, mais également des textes destinés au grand public comme les articles de journaux et les modes d’emploi. Ils sont même très fréquents dans les histoires pour enfants. Qui plus est, dans une langue comme le français, on compte plus de 300 connecteurs différents utilisés à l’écrit ! Pourtant, plusieurs études indiquent qu’une partie des adultes ne comprend pas bien les relations indiquées par certains connecteurs, ce qui les empêche de comprendre la logique des textes et d’exprimer précisément leurs idées à l’écrit.

Le projet INDICCA vise à déterminer précisément quelles sont les compétences des adultes avec les connecteurs, en testant des personnes d’âges et de niveaux socio-économiques variés. Le projet investigue le rôle de facteurs psychologiques comme la mémoire de travail, la flexibilité cognitive et le degré d’anxiété suscité par la confrontation à la langue écrite. Un autre volet du projet s’intéresse plus spécifiquement aux compétences des personnes âgées qui ne souffrent pas de troubles cognitifs afin de déterminer si la capacité à comprendre les relations contenues dans les textes diminue avec l’âge. De tels problèmes rendraient cette population plus vulnérable à des difficultés de compréhension textuelle qui devraient être prise en compte dans la communication. Pourtant, jusqu’à présent, les compétences linguistiques des personnes âges n’ont été que peu étudiées.

Les compétences des personnes adultes sont testées dans le projet par des expériences de lecture, qui font soit intervenir des questionnaires de compréhension du texte ou un enregistrement de la lecture pendant son déroulement grâce à la détection des mouvements oculaires par une caméra à infrarouge. Les objectifs sont de déterminer quels sont les connecteurs qui posent le plus de difficultés aux adultes et quelles sont les populations les plus touchées par ces difficultés afin de formuler des recommandations contribuant aux initiatives de simplification du français comme le FALC (français facile à lire et à comprendre).

Projet post-doctoral de Bruna Caires Delgado sous la direction de la PD Dr. Anne-Gaëlle Toutain (Bourse d'excellence de la Confédération suisse 2025-2026)

Ce projet postdoctoral s’inscrit dans le champ de l’histoire des idées linguistiques, et de l’analyse du discours matérialiste. Il vise à analyser comment les discours sur le langage et du langage se sont constitués dans ce qui est nommé « dispositifs de sélection et formation professionnelles » au Brésil, dans le cadre des relations entre éducation et travail et en lien avec les traditions scientifiques de la Suisse et de la France.

Historiquement, le processus de formation professionnelle dans l’espace de travail, au Brésil, était destiné à des groupes considérés comme non citoyens, auxquels il s’agissait d’enseigner la langue nationale, dont la maîtrise était nécessaire aux travailleurs. Progressivement, l’alphabétisation est devenue un pré-requis, excluant les non-lecteurs de cet espace de formation, l’alphabétisation devenant une prérogative de l’État et de l’Ecole.

Dès 1934, l’Institut pour l’Organisation Rationnelle du Travail (IDORT) – qui se présente comme le représentant, au Brésil, de l’Institut International pour l’Organisation Scientifique du Travail (IIOST) basé à Genève, en Suisse – a joué un rôle central dans la sélection des apprentis et travailleurs, via des tests d’intelligence fondés sur la psychotechnique, développée au début du XXe siècle en Suisse, à partir des études d'Édouard Claparède, et en France, avec Alfred Binet, Théodore Simon et Henry Piéron.

Ce projet analyse, précisément, les discours sur le langage et du langage présents dans les matérialités issues de ces pratiques, en particulier celles de l’Institut International de l’Organisation Scientifique du Travail, afin de comprendre comment les conceptions du langage liées aux savoirs psychologiques et biologiques sont mises en œuvre dans les tests d’intelligence susmentionnés.

Parmi ces textes, se trouvent notamment des documents disponibles à la Bibliothèque Nationale Suisse qui feront partie du corpus de cette recherche : livres, revues, actes de conférences et articles publiés par l'IIOST dans les années 1930. Ce n’est qu’au contact de ces textes que je pourrai constituer un corpus d’analyse issu d’un ensemble de textes institutionnels qui touchent au discours sur les thèmes du langage.

L’analyse de ce corpus visera à retracer les tensions, discontinuités et effets de mémoire qui participent à la constitution du sujet-travailleur. Ensuite, je chercherai à mettre en évidence deux caractéristiques : la façon dont les connaissances sur la langue s’accumulent et sont oubliées, en soulignant quelles sont les affiliations explicites et non explicites à des théories et les aspects des différents domaines de la linguistique qui soutiennent ces discours.

Ce projet ne se limite pas à l’exploration d’une théorie linguistique, mais a pour objet d’analyser précisément comment la notion de psychotechnique s’articule avec des conceptions du langage, conceptions qui peuvent être de natures différentes et même se contredire les unes les autres. Le projet aborde ainsi non seulement la question fondamentale de l’imaginaire du langage, mais aussi celle des filiations théoriques ou épistémologiques au sein des sciences du langage, qui déterminent la manière dont le langage est représenté ou enseigné aux travailleurs dans l’espace de travail.

En termes discursifs, aucune mémoire n'est homogène. C'est pourquoi je propose de retracer les discontinuités et les tensions des replis constitutifs de la mémoire linguistique qui a institutionnalisé la formation du travailleur dans l’espace de travail, en recourant à la fois aux méthodes de l’histoire des idées linguistiques et à celles de l’analyse matérialiste du discours. Cela est nécessaire parce qu’aucun ouvrage n’utilise la linguistique comme porte d’entrée pour comprendre cette histoire, où les discours sur le langage et du langage apparaissent comme évidents.