Publications en littérature
Le goût à l’épreuve : métamorphoses de la cinéphilie littéraire
Y a-t-il une façon spécifiquement littéraire d’aimer le cinéma ? La question mérite d’être posée, car si les rapports entre septième art et littérature forment désormais un champ de recherches à part entière, le statut de l’écrivain « cinéphile » y a été moins souvent interrogé que le rôle de l’adaptation ou la figure de l’écrivain-cinéaste. Pourtant, la cinéphilie se manifeste avec insistance dans la littérature française des XXe et XXIe siècles, si bien qu’on peut parler, à la suite de Fabien Gris, d’une véritable « cinéphilie littéraire ». On en voit les expressions multiples dans des textes relevant de l’essai ou de la critique, mais aussi dans les écrits autobiographiques et intimes, dans la poésie, et bien entendu dans la fiction. Cette cinéphilie n’a pas cessé en outre de se métamorphoser, de prendre des valeurs différentes en fonction des évolutions techniques du médium, mais aussi des changements d’acception du terme même de « cinéphilie » et des enjeux qu’on lui a associés. Surtout, les écrivaines et écrivains cinéphiles ont contribué à cette guerre des « goûts » qui a le plus souvent accompagné l’affirmation du cinéma comme art à part entière. C’est de cette évolution de la « cinéphilie littéraire » et des configurations qui l’ont rendue possible que le présent numéro de Relief aimerait proposer la cartographie – évidemment partielle, mais à partir d’exemples contrastés et peut-être inattendus.